Écriture inclusive : une pratique controversée ? Pourquoi certains la soutiennent tandis que d’autres la critiquent

26 janvier 2021
écriture inclusive

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Qu’est-ce-que l’écriture inclusive ?

L’écriture inclusive est un sujet en vogue, qui provoque de vifs débats entre ses défenseurs et ses détracteurs. Selon l’agence de communication Mots-Clés, c’est un « ensemble d’attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les femmes et les hommes ».

En d’autres termes, c’est un style d’écriture qui vise à contourner les règles grammaticales jugées sexistes d’une langue, par exemple le masculin neutre. En effet, en français et dans un certain nombre de langues romanes, le neutre n’existe pas. Avec l’évolution du langage et le passage du latin au français, ce genre s’est progressivement effacé pour être remplacé par le masculin, auquel il ressemblait. Ainsi, pour désigner un groupe de personnes ou d’objets dont on ne connaît pas le genre, on utilise le masculin, contrairement à l’anglais, où un troisième genre neutre existe.

Cette règle est critiquée par les défenseurs de l’écriture inclusive, qui considèrent qu’elle reflète le sexisme du langage, voire de la société entière dans laquelle il est parlé. D’après un sondage réalisé par l’IFOP en 2017, nous avons pu constater que 69% des Français soutenaient la position d’Edouard Philippe, qui recommandait aux administrations de ne pas employer l’écriture inclusive dans les textes officiels. Cependant, toutes les générations n’appuyaient pas cette décision de manière homogène : les 18-25% étaient d’accord à 57%, tandis que 83% des plus de 65 ans partageaient l’avis de l’ancien Premier ministre.

Quels sont les avantages et les inconvénients de l’écriture inclusive ? Avant de réfléchir à cela, revoyons ses principes de base.

Quelles sont les règles de l’écriture inclusive ?

Elle comporte plusieurs règles de base, qui ne sont pas toutes systématiquement utilisées ensemble, il est possible de se servir de certaines et d’en ignorer d’autres, par exemple si l’on souhaite effectuer une transition en douceur vers l’écriture inclusive. Ces règles sont les suivantes :

  • La féminisation des titres, des fonctions et des métiers, comme une cheffe, une docteure, une agente immobilière…
  • La non-utilisation d’une majuscule dite de « prestige » au mot homme, dire « les humains » au lieu de « l’Homme ».
  • L’accord de proximité : l’accord sujet-verbe se fait avec le sujet le plus proche du verbe dans la phrase. Par exemple : « Ces hommes et ces femmes sont gentilles. »
  • L’ordre alphabétique des termes : construire ses phrases en plaçant les mots féminins ou masculins en fonction de la lettre par laquelle ils commencent. « Les filles et les garçons sont polis ». Le terme « fille » a été placé en premier, car la lettre « f » se trouve avant le « g » dans l’alphabet.
  • Dédoubler les termes à l’aide d’un tiret, d’une apostrophe ou d’un point milieu (recommandé) : « le•la chanteur•se ».
  • Privilégier l’utilisation de mots épicènes, ou de mots non genrés. Par exemple, dire « les élèves » au lieu des « écoliers », ou « le public » au lieu de dire « les spectateurs ».

L’écriture inclusive : pour

Il existe plusieurs arguments qui permettent de défendre ce nouveau style d’écriture. Dans la règle « le masculin l’emporte toujours sur le féminin », il est facile de percevoir une certaine forme d’inégalité. Comment peut-on être une société égalitaire si notre langue ne l’est pas ? L’utilisation du masculin pour désigner un ensemble amène également une confusion : est-ce un groupe masculin ou mixte qui est évoqué ? Les femmes sont invisibilisées dans notre langue depuis longtemps, mais cela n’a pas toujours été le cas : au Moyen Âge, des mots comme « médecine » pour désigner une femme médecin existaient.

Le langage est en évolution constante, et ne pas accepter l’écriture inclusive, c’est défendre une langue qui, telle que nous la connaissons, finira par disparaître. Enfin, s’y accoutumer n’est pas si compliqué, il suffit de lire quelques textes rédigés en écriture inclusive pour que le cerveau s’habitue à ses codes, et son utilisation simplifie même certaines formules.

Si vous êtes une entreprise ou une start-up, l’emploi de l’écriture inclusive comporte de nombreux avantages qui pourraient bien vous aider à décoller.

  • Cela permet d’activer un processus de féminisation de votre effectif ou de vos collaborateurs sans précédent.
  • Cela prouve votre modernité, ce qui permet de rajeunir votre audience, mais également votre équipe.
  • Cela met en avant votre prise de position sur l’égalité homme-femme.

L’écriture inclusive : contre

Tout d’abord, comme son nom l’indique, cette nouvelle écriture se veut inclusive, autrement dit, elle souhaite représenter et inclure plus de genres que le français classique. Néanmoins, les personnes se considérant comme non-binaires sont laissées pour compte, car elles refusent de s’attribuer un genre, qu’il soit féminin ou masculin. Suite à cette problématique, une grammaire dite queer a été inventée, dans le but de dégenrer les mots. Par exemple, au lieu de parler d’auteur ou d’auteure, voire d’autrice, il faudrait employer le terme d’auteurice, pour que tous les genres soient inclus.

Ensuite, l’utilisation d’une nouvelle langue et des néologismes qui en découlent serait une tâche particulièrement complexe pour les personnes souffrant de dyslexie, de dysorthographie, mais également pour les étrangers souhaitant apprendre le français. Mais ce n’est pas tout, cette mesure compliquerait l’apprentissage de l’écriture et de la lecture pour les Français eux-mêmes, dont le niveau de maîtrise de leur langue maternelle est déjà en baisse inquiétante depuis 30 ans. Selon l’Académie française, l’emploi de l’écriture inclusive est un « péril mortel » pour la langue de Molière, une « aberration ». En définitive, elle s’y oppose fermement.

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